GAEC Bellis Perennis La Grande Noë Valanjou
Vincent, Florian et Julien
L’aventure Bellis Perennis commence en 2007, quand Pierre, le papa de Vincent, part à le retraite. Il laisse derrière lui une ferme produisant vaches allaitantes et plantes médicinales en bio. Vincent reprend donc la ferme mais il a une autre idée de production. Fort d’une formation agricole et d’un travail d’un an en Ariège, où il a appris à transformer le lait en Tomme des Pyrénées selon les règles de l’art, il s’installe avec un troupeau de vaches laitières sur les terres familiales. Il commence à transformer le lait en printemps 2008. Les premières tommes sont vendues au cours de l’été de la même année. Le type de fromage est la Tomme à croute lavée type Tomme des Pyrénées (pâte non pressée non cuite). Et oui, même s’il utilise la même recette que dans les montagnes, il ne peut pas utiliser le même nom. Il n’aura échappé à personne que le relief de la Grande Noë ne pourrait suffire à justifier du label pyrénéen…
Florian rejoindra Vincent début 2008 pour former le GAEC que nous connaissons. Il travaille plutôt sur le volet élevage de la ferme. En juin 2009, Julien rejoint les deux compères pour développer son activité farine et pain. Le four à pain familial de Julien, dans le bourg de Valanjou, est remis en état après des décennies d’abandon. Il cuit chaque semaine notre pain. Julien ne vit pas sur la ferme, même si à terme, c’est l’objectif.
Les terres qu’ils cultivent couvrent 80 ha. L’essentiel (65 ha) est en prairie. Le reste (15 ha) est affecté à la production de céréales. Parmi ces 15ha, 10 ha sont réservés à la farine et au pain. Le restant est destiné à compléter l’alimentation de l’élevage.
Sur la ferme, le droit à produire (le quota) est de 60000 litres de lait. Ils produisent effectivement de 40 à 45000 litres/an auxquels il faut rajouter environ 15000 litres qui sont réservés à l’allaitement des veaux. En moyenne une vache produit 4000 l/an.
Le troupeau compte 16 vaches : 4 Maine-Anjou (= Rouge des prés) et 12 Brunes des Alpes. Les Maine-Anjou sont plus intéressantes pour la production de viande, car c’est une race qui a été séléctionneé depuis longtemps dans cet objectif. Les Brunes des Alpes, elles, sont prisées pour la qualité de leur lait qui offre un bon taux protéique. Au GAEC, on cherche un bon équilibre entre les deux races en prenant soin de sélectionner les descendances des meilleurs éléments du troupeau.
Les veaux et les génisses qui naissent chaque année connaissent des sorts différents. Les génisses sont vendues à 6 mois hormis certaines d’entre elles qui participeront au renouvellement des vaches laitières. Les veaux, de leur côté, seront castrés pour faire des boeufs qui vivront 3 ou 4 ans sur la ferme avant d’être vendus en viande.
Lors de la fabrication du fromage, une grande partie du liquide constituant le lait est extrait. Il s’agit du petit lait (ou sérum). Très riche en lactose, minéraux et vitamines, il est donné aux quelques cochons de la ferme dont il constitue une grande part de l’alimentation. Ces cochons, de race locale (Longué), pourraient bien se retrouver en contrat porc à l’AMAP dans les temps à venir… les gars y réfléchissent.
Au delà de tout ces aspects techniques, l’esprit dans lequel ils travaillent est essentiel. Pour eux, d’abord, leur pratique de l’agriculture doit être la plus naturelle qui soit. S’ils ont choisi de délaisser le label AB pour endosser le label Nature et Progrès, c’est bien pour cette raison, mais aussi pour sa dimension sociale. Produire n’est pas la finalité unique, encore moins « produire plus ». On pourrait plutôt résumer leur démarche par « autonomie et simplicité ». L’autonomie est pour eux un gage d’indépendance dans leur choix techniques, d’un point de vue financier aussi. La simplicité, c’est ne pas chercher à développer la technique à tout prix car la course à la productivité est très gourmande en temps pour des gains discutables, surtout quand on prend en considération la qualité de vie. Pour eux, la vie, c’est aussi les temps en dehors de la ferme, ou encore prendre le temps de jardiner, bricoler, ou simplement réfléchir à comment mieux appréhender leur travail. Cette recherche d’équilibre, on la retrouve dans leur volonté de partager leur temps entre la production et la vente. Puisqu’ils fonctionnent essentiellement en vente directe, ces moments de rencontre du client sont des moments privilégiés d’échanges avec ceux qu’ils nourrissent.